Archiviste du département de Maine-et-Loire au siècle dernier, Celestin Port entreprit un travail important et inédit : celui de retracer l'histoire de toutes les localités, lieux-dits et personnages marquants de l'Anjou. Si pour chacune des communes, le résumé peut apparaître succint, il est cependant riche de renseignements et ouvre des perspectives de recherche pour l'amateur d'histoire locale. L'ensemble de ses travaux a été publié en 3 tomes entre 1870 et 1880. Les articles mentionnés ici en sont extraits. Cette encyclopédie des communes du Maine-et-Loire est consultable à la bibliothèque de la Loge à Beaupréau.
Au fait savez-vous comment on appelle les habitants de la Salle et Chapelle Aubry ? Et bien, plusieurs versions existent :
La commune a des racines connues depuis fort longtemps puisque les plus anciennes traces écrites remontent au XIème siècle. Voici, par ordre chronologique, les différents noms répertoriés :
Voici l'évolution de la population de la commune de la Salle et Chapelle Aubry de la révolution à nos jours :
On dénombre au 19ème siècle de nombreuses activités : des métiers (à tisser) pour Cholet, une tuilerie (transformée en cave depuis !), 3 moulins à eau sur le ruisseau du Jousselin (Godessart, Frémerit, La Rabinière), 1 moulin à vent (toujours debout même s'il a perdu ses ailes et situé entre les 2 villages), et une fabrique de cercles. Les nombreuses activités agricoles et artisanales occupent la majeure partie de la population.
Aucun renseignement n'existe sur l'époque de la fondation de l'église de la Salle ou de la paroisse qui n'est peut-être pas antérieure au XVIème siècle.
Elle est mentionnée comme une annexe de la Chapelle Aubry et ne figure pas encore au Pouillé de 1783 puisque St Martin qui est le patron de l'église de la
Chapelle, est indiqué comme vocable principal des 2 paroisses associées sous le titre commun de la Salle et Chapelle Aubry.
Dès le XVIIème siècle, à vrai dire, les deux n'en font qu'une. La Salle était devenue dès le XVIIème
siècle le centre le plus important par le voisinage sans doute de châteaux. Le fief, terre et seigneurie de la "Salle Aulbry" comprenait une maison
seigneuriale, futaie, taillis, garennes, dans la mouvance du Mesnil-Bouteille (de Beaupréau) et appartenait en 1540 à Jacques Clérembault, écuyer,
seigneur en même temps de la seigneurie de la Gourdoire dont le manoir touchait le bourg. Ce dernier fief est ruiné au XVIIIème siècle et
le manoir de la Salle Aubry réduit à un simple bordage, semble un instant avoir échangé son nom contre celui de
La paroisse a pour seigneur le baron de Bohardy (Montrevault) par échange des honneurs de la paroisse du Pin avec le seigneur de la Jousselinière. Elle
dépendait du doyenné de Jallais, de la Sénéchaussée, de l'Election, des Aides d'Angers, du grenier à sel de St Florent, du District en 1788 de Beaupréau,
en 1790 de St Florent. Presque toute entière couverte de landes, elle entretenait une manufacture considérable de balais de bruyère et une petite tuilerie.
Les pauvres y abondaient par suite de la disproportion -est-il dit en 1788- entre le prix du travail et le prix des denrées.
M. Tristan Morin (1802-1867 du Verger de St Pierre Montlimart) a trouvé sur le territoire 4 haches en silex et 5 haches en pierre qu'il a donné au musée d'Angers.
M. Leboeuf a trouvé 2 haches en pierre aux Carrouelles et au trou des Sarassins.
De nombreux autres pierres taillées ont semble-t-il été trouvées. Que sont-elles devenues ?
Des souterrains non datés ont été signalés à M.Poilane (de St Pierre Montlimart) en 1898, à la Raimbardière et au Plessis.
La grande voie d'Angers vanant de St Quentin passait au Sud de la Mercerie et du bourg de la Salle par les rues d'Audebault - hameau
détruit que Cassini sur sa carte du XVIIIème siècle appelle Hault-Bault- au nord du Plessis et franchissait
le ruisseau du Jousselin au pont Mary (il pourrait s'agir d'un chemin d'origine gauloise ou gallo-romaine).
Vers 1070-1083, Tesceline, épouse d'Hubert de Vendôme, donne à l'abbaye St Serge la moitié de la Chapelle Aubry avec le
presbytère après autorisation de Foulque Normand, seigneur du Petit-Montrevault dans le fief duquel se trouvait cette paroisse.
L'acte est d'ailleurs passé au château de Foulque, et il est possible que celui-ci ait par la suite abandonné le reste de la paroisse
à St Serge, abbaye à l'égard de laquelle il se montra généreux. Toutefois, l'abbaye ne paraît pas avoir
conservé longtemps cette paroisse où elle n'établit aucune prieuré.
Au XVIIIème siècle, présentation et collation de la cure appartenaient à l'évêque. Le Pouillé de
1783 cite la cure de St Martin, de la Salle et Chapelle Aubry et désigne l'église de la Chapelle (dédiée à ce saint) et non celle de la
Salle. Il y avait pourtant deux desservants mais il n'y avait qu'une série de registres paroissiaux qui étaient conservés au
presbytère de la Chapelle.
Les paroissiens faisaient leurs Pâques alternativement dans l'une ou l'autre des églises. On a l'impression que la Salle fut longtemps
qu'une annexe qui prit peu à peu plus d'importance que la paroisse primitive. Le fait est sûr qu'en 1789 les cahiers de doléances furent
rédigés au nom de la paroisse de la Salle et Chapelle Aubry. La paroisse était desservie au moment de la Révolution par Jacques de
Bourne, docteur en théologie qui refusa le serment et fut déporté en Espagne sur la Didon (bâteau parti de Paimboeuf).
Son vicaire, Jean-Louis Saulègue, également déporté sur le même navire était un ancien cordelier. Le curé
constitutionnel Brunet de Lenay refusa et fut remplacé par l'ancien professeur au collège de Saumur Hossard.
Le curé concordataire fut René Pauvert, déjà; installé dés 1800. La paroisse avait été rétablie. Elle fut supprimée par ordonnance du 20 février 1829,
définitivement rétablie par ordonnance du 24 février 1840 (peu après la construction de l'église actuelle).
Cet ancien fief relevant du fief Turpin, dépendance du Planty, appartenait à Philippe de St-Offange en 1639, à sa fille Marie-Louise, veuve de St Charles du Plessis de Jarzé en 1614, à Marie Urbain du Plessis de Jarzé en 1702, à Charlotte de Grudé, veuve d'Urbain Charles de Maillé de la Tour-landry en 1754.
Cette ancienne maison noble avec chapelle relevait de la Jouinière, plus tard de la Morousière.
Elle appartenait vers la moitié du XVIème siècle et le commencement du XVIIème à la famille de la Roche, en 1674 à Denis Fourreau, médecin, en 1701 à
René Fourreau, avocat au Parlement, lieutenant de la maréchaussée provinciale de l'Anjou; en 1790, y résidait Pierre Paul Boucault un ancien capitaine
au régiment, colonel-général d'infanterie, aussi émigra pendant la Révolution.
Sa veuve, Jean-Françoise de Boucault de Méliant y résidait encore en 1793 et elle reçut à dîner d'Elbée son voisin et l'évêque d'Agra.
Cet ancien fief avec château relevait du Ménil-Bouteille (Beaupréau). En dépendait la métairie de la Gagnerie, les bordages du Gâtineau et de la Chênaie, et le bourg de la Salle. En est sieur Jean de Ver, mort en 1464, la famille de Rougé en 1722. Ce n'est plus à l'époque qu'un simple bordage qui comprend "l'applacement où estoit autrefois le chasteau avec la cour, les escuries et le greniers, servant de logement au bordier (personne exploitant un bordage), autrefois renfermé de muraille et fossé" (Terrier de la Bellière, 1739).
Le 2 avril 1795, Stofflet rencontra à Barot les envoyés des Chouans s'apprêtant à traiter avec la République mais refusa de s'y associer.
En l'an V (1796), le château était habité par un certain Lhuillier, originaire de Bourgueil, pris parmi les républicains à l'Affaire de
Saumur. Stofflet lui donna le commandement de la division de Beaupréau. Lhuillier y menait si grand train qu'il en fut expulsé par mesure de police.
Il fut nommé maire de Beaupréau de 1813 à 1817.
L'habitation en partie incendiée avec la ferme et l'un des deux pavillons voisins, fut vendue le 26 ventôse de l'an VI (1797).
Elle a été restaurée vers 1840 et entourée de belles plantations d'agrément avec un étang de plus de 2 hectares.
Le lieu, terres, domaine du Plessis-Rahier appartenait à René de la Bouère qui le relevait de Bohardy (1540). En 1790, en est sieur M.de Rougé, sur qui la terre est vendue le 7 floréal an VI. Les bâtiments avaient été en partie incendiés.
Melle Eulalie Jeanne Boucault de Méliant, qui plus tard épousa M. Zacharie du Réau, étant restée à Nantes pendant l'émigration de son père, obtint par arrangement avec l'acquèreur de Barot, la restitution de cette propriété qui appartient aujourd'hui à la famille du Réau. Cette vente, au terme de la loi, a pu être annulée par la suite de la présence en France d'une héritière de M. de Méliant. Mme Eulalie Boucault de Méliant, veuve de M. Zacharie du Réau, décédée à Angers le 26 avril 1864, à l'âge de 75 ans faisait de Barot sa résidence ordinaire.